Par Ahmed SOLTANI*
Vous ne connaissez pas son nom, mais vous connaissez certainement sa silhouette, représentée
sur le logo de la Spirotechnique. Si Frédéric Dumas est devenu l’icône de cette première marque
des appareils de plongée, c’est qu’il fut un des pionniers de cette discipline.
Dans son ouvrage, Le premier plongeur, Stéphane Gamelin nous entraîne sur les traces de cet
enfant de Portissol, dans le Var, que tout le monde appelle Didi, dont la vie fût extraordinaire.
Il ne la voulait pas commune, et surtout placée sous le signe de la liberté et de l’indépendance.
Ce fut le cas.
Il est encore un jeune homme quand son oncle lui rapporte une petite paire de lunettes utilisées
par les pêcheurs d’éponges dans les mers lointaines. C’est une révélation. Il y a une vie
insoupçonnée sous la mer. Ils conçoivent, à l’aide de tringles à rideaux le premier fusil harpon. La
chasse sous-marine se répand comme une fièvre sur le Côte d’Azur. Didi en est le patient zéro.
Nous sommes vers la fin des années 30, quand il rencontre les jeunes officiers de marine
Jacques-Yves Cousteau et Philippe Taillez. Ensemble, ils vont bientôt révolutionner la pénétration
de l’homme sous la mer, avec la mise au point du scaphandre autonome, le CG 45. On peut enfin
aller sous l’eau plus longtemps, plus profond, plus loin. Et la mer procure de quoi se nourrir en
cette période de guerre puis d’occupation allemande. Sur l’idée de Cousteau, ils tournent leurs
premiers films, dont Epaves, qui va motiver la marine française à développer cette discipline, avec
la création du Groupement de Recherches Sous-marines, à Toulon. A sa tête, le trio qui sera plus
tard baptisé les Mousquemers.
Cousteau voudrait un navire, ce sera la Calypso. Cet ancien dragueur de mines est transformé, sous le contrôle de Didi, en navire océanographique, à Antibes. Une longue aventure débute. A son bord, ils vont explorer le monde, en commençant par la mer Rouge. Viendront ensuite le succès du livre puis du film le Monde du silence, palme d’Or à Cannes, les expériences de maisons sous la mer, le tournage des épisodes de L’Odyssée sous-marine, et pour finir la naissance d’une conscience écologique dont le chef de file est le Commandant Cousteau.
Loin d’être une histoire de la plongée, c’est l’histoire d’un homme qui voulait vivre libre, sans
contraintes, sans chaussure et sans cravate. Dumas a accompagné tous les progrès de la
plongée, développé l’archéologie sous-marine, avec discrétion et modestie. Il aura traversé le
siècle, avec ses découvertes, ses grands hommes et bien souvent ses guerres. On y découvre
l’Afrique équatoriale, la Mer Rouge, un Abu Dhabi d’une surprenante pauvreté lors de la
prospection de pétrole, la vie aux Seychelles, les grands mystères archéologiques, et surtout le
rapport de l’homme au monde qui l’entourait à l’époque.
A travers une succession de courts chapitres, solidement documentés et illustrés, grâce à une
écriture précise et enlevée, l’auteur, journaliste/photographe, membre de l’Académie des Arts et
Sciences de la Mer, nous fait partager ce parfum d’aventure, nous donne à réfléchir sur les
choses de la vie, nous laisse ravis, émus, et riches de connaissances sur cette aventure technique
et humaine.
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*Ahmed SOLTANI est un plongeur CMAS 2* et Product Manager chez CANON Tunisie