Par Dr. Jihene Hellal*
La place de la femme dans la plongée sous-marine a évolué ces dernières années, mais des disparités persistent encore. Le présent article décrit la situation actuelle dans ce domaine.
Statistiques et représentation
Les statistiques montrent une progression de la présence féminine dans le monde de la plongée, mais des écarts subsistent.
Dans le monder, et depuis 2014, les certifications féminines pour les cours de plongée loisir PADI sont passées de 37,2% à 39,4%. Plus de 40% des plongeurs âgés de 18 à 25 ans sont des femmes.
Cependant, la proportion de femmes diminue avec l’âge et le niveau de certification. En effet, seulement 30% des plongeurs loisir de plus de 40 ans sont des femmes. Ces dernières représentent seulement 23% des étudiants en formation des niveaux avancé et moins de 20% des plongeurs de niveau professionnel.
Malheureusement, on n’a pas de chiffres officiels, affichés publiquement, concernant la pratique de la plongée chez les femmes en Tunisie.
Défis et obstacles
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la sous-représentation des femmes dans certains domaines de la plongée :
En effet, la plongée est encore parfois perçue comme une « activité extrême », purement masculine, nécessitant beaucoup de force physique, ce qui se traduit par un stéréotypage persistant.
Selon Different Dive, l’environnement de la plongée est parfois peu accueillant pour la femme. En effet, 19% des femmes se sentent peu ou pas à leur aise si elles sont l’unique femme dans une formation plongée. Mise à part les remarques « machistes », en Tunisie, peu de clubs sont dotés de vestiaires, de sanitaires et de douches, exclusivement pour femmes. Par conséquent, la femme se sent obligée de fournir plus d’efforts pour imposer sa place.
Ce qui s’ajoute à la marginalisation morale de la femme, c’est le manque d’équipement de plongée adapté à la morphologie féminine. D’ailleurs les équipementiers ont développé des combinaisons qui tiennent compte de cette morphologie.
Toutefois, en Tunisie, peu de clubs ont investi dans des combinaisons féminines, et très peu de clubs ont tenu compte du poids excessif des blocs en acier, et se sont munis de blocs en aluminium dont le poids fera la différence pour toute manipulation hors de l’eau.
Évolutions positives
Malgré ces défis, des progrès sont notés dans le domaine de la plongée pour la femme, notamment :
- Augmentation de la pratique : Selon PADI, on estime aujourd’hui à environ 40% la proportion de plongeuses dans le monde. En Tunisie, vu qu’il n y a pas de chiffres officiels, on ne peut se prononcer sur ça.
- La mise en place d’initiatives pour l’inclusion: Certains centres de plongée mettent en place des actions spécifiques pour accueillir les femmes (ex : mise à disposition des espaces sanitaires pour femmes) comme aux Club Odyssea Hammamet, Mouja Diving Club, Kantaoui Diving Club et bien d’autres.
- La mise en place des actions de sensibilisation : Des formations et interventions sont organisées pour sensibiliser aux spécificités de la plongée au féminin, comme ceux organisés chaque année à l’occasion de la journée nationale de la femme, par l’association Abysse Plongée.
Perspectives
Pour continuer à améliorer la place des femmes dans la plongée sous-marine, en Tunisie, plusieurs pistes sont envisagées :
- Développer l’inclusion des femmes au sein des structures fédérales.
- Faciliter l’acquisition des équipements mieux adaptés à la morphologie féminine.
- Encourager la formation et la promotion des femmes aux postes d’encadrement en tant que Guides de palanquée et de Monitrices.
- Lutter contre les stéréotypes et créer un environnement plus inclusif.
- Mener d’avantage d’études sur les spécificités de la plongée au féminin (ex : obstacles de la plongée féminine en Tunisie).
En conclusion, bien que des progrès aient été réalisés, il reste du chemin à parcourir pour atteindre une véritable égalité dans le monde de la plongée sous-marine, en Tunisie et dans le monde. Les initiatives en cours et la prise de conscience croissante laissent espérer une évolution positive dans les années à venir.
A propos de l’auteur:
Dr Jihene Hellal: Plongeuse CMAS 3* et Médecin Vétérinaire Biologiste
