C’est à Cap Zebib que la délégation de l’UE en Tunisie et l’Association Tunisie recyclage ont mené ce week-end une grande opération de nettoyage dans le cadre de « EU Beach Clean Up Day », initiative européenne destinée à sensibiliser à l’importance de préserver les océans notamment de la pollution plastique.

Cette opération de nettoyage, qui est organisée pour la troisième année successive en Tunisie, a permis de ramasser 3 tonnes de verre, 2 tonnes de déchets non recyclables et 800 kg de déchets recyclables, d’après Houssem Hamdi, président de Tunisie recyclage. L’opération a été marquée par le relâchement de la tortue marine « Salouha ».

Cap Zebib, victime de son paysage paradisiaque

Étendue sur 3 km, la plage de Cap Zebib compte parmi les destinations de prédilection pour les Tunisiens durant les mois de plus en plus longs de l’été. Victime de ce succès, l’étroite bande de sable, le quai, ainsi que les grands bords rocheux croulent sous toutes sortes de plastiques, un sacrilège à la beauté des lieux.

Sous un soleil de plomb, entre 400 et 450 personnes se sont réunis samedi 17 septembre sur cette plage relevant de la municipalité de Metline (Bizerte) pour une matinée laborieuse.

Des dizaines de volontaires de l’association Tunisie recyclage et d’autres associations locales dont l’association de plongée « Mouja », ont planté leur tente et leur équipements.

Plongeur MOUJA en action

Répartis en équipes, en fonction des types de déchets en plastique à ramasser, les volontaires se sont attaqués à la tâche.

Munis de sacs en plastique de couleur verte pour les déchets recyclables et noire pour les déchets non recyclables et de seaux pour les bouteilles en verre, des diplomates et fonctionnaires de la délégation européenne et des pays membres l’ont rejoint.

Une quarantaine d’enfants de l’école primaire de Metline ont prêté main forte à tous ces volontaires. En effet, la tâche est énorme compte tenu des importantes quantités de déchets jetées dans les environs.

Si les bouteilles en plastique se font rare sur cette plage en raison probablement de la présence de collecteurs, leurs bouchons, les sachets notamment noirs et bleus, les boites de conserves, l’emballage des boites de biscuits et de cigarettes jonchent le sol et se nichent dans le sable.

« Un laisser laisser-aller démoralisant »

C’est en ces termes que Nourane Ghanmi, 11 ans, a décrit le comportement des estivants.

Pour faire face à ce comportement, cette écolière à la mine affable affirme sa disposition à contribuer à toutes les actions visant à nettoyer sa région et le pays.

Selon Nourane, la préservation de la propreté des lieux publics n’est pas difficile, il suffit de se munir toujours d’un sac en plastique pour mettre ses déchets ou ceux collectés en route.

Pour le chef de mission adjoint de la délégation de l’UE en Tunisie, Francisco Acosta, présent à Cap Zebib, il est regrettable de voir autant de saleté dans un paysage qui serait unique en Méditerranée.

Partie de la collecte

Il souligne, à l’agence TAP, l’importance de préserver ce genre de site, précisant que l’UE n’a pas pour objectif de donner des leçons, mais de sensibiliser à l’importance de protéger le littoral. Ce littoral, dit-il, qui « nous appartient à tous », d’autant que la Méditerranée est une mer quasi fermée.

D’après ce responsable, il faut miser sur la sensibilisation et l’éducation des enfants pour changer le comportement vis-à-vis de l’environnement. Cependant, les sanctions peuvent aider à faire comprendre aux adultes que « le non respect de l’environnement a un prix », selon ses propos.

Cet avis est partagé par Amal Essouri, originaire de la région. Suivant le remue-ménage occasionné par l’action « Beach Clean Up Day », cette retraitée qui a élu domicile à Cap Zebib après des années passées à l’étranger, affirme que les sanctions peuvent aider à faire face au laisser-aller des estivants.

« La sanction doit être plus importante pour les récidivistes », ajoute Amel, sans cacher son mécontentement face aux quantités de déchets de plus en plus importantes laissées par les estivants après une journée à la plage. Entre 3 et 6 tonnes de déchets sont ramassées chaque semaine, à Cap Zebib, par les agents de la municipalité, selon Hamdi Zeghbib, président de la municipalité de Metline.

Plongeur MOUJA

Le verre et ses débris constituent un problème en raison de l’absence d’unité de recyclage de verre dans la région, note-t-il.

« Salouha » retrouve sa maison

En outre, « Salouha », tortue âgée entre 20 et 25 ans a pu regagner la mer à Cap Zbib, sous les applaudissements des volontaires.

Tortue Sallouha

Cette tortue appartenant à l’espèce Caretta Caretta a été prise au piège d’un filet de pêcheur à Gabès. Elle a été prise en charge au Centre de soins des tortues marines relevant de la faculté des sciences de Sfax.

Les tortues marines sont les plus grandes victimes du plastique et de ses résidus jetés en mer.

En dépit de la mobilisation importante autour de l’action « Beach Clean Up Day » organisée samedi, la partie la plus rocheuse de Cap Zebib uu « Ejouabi » (les bassins) demeure impropre.

Des résidus de cannettes et de bouteilles en verre sont incrustés partout entre les rochers, occultant de peu la beauté époustouflante du paysage.

Certains de ces déchets sont rapportés par la mer, précise le président de la municipalité, promettant de s’y attaquer un autre jour « avec ou sans l’aide des associations ».

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