
Sans surprise, Alain Foret ( AF ) est élu président de la commission technique de la CMAS ( CMAS-TC) , ceci lors de l’assemblée générale élective le 09 Mai 2025 à Sharm Cheikh en Egypte.
Un siège confortable
AF sera certainement fort de sa position car il est adossé par un vice-président, par le président de la commission sportive et un vice-président conseiller. La présence d’un tel nombre de ses compatriotes ne pourra que soutenir sa position dans la haute instance exécutive de la CMAS, dont il est lui-même membre.
Cette élection pouvait être un signe de continuité si AF faisait partie de l’équipe de Holm Fleming, l’ancien président de la CMAS-TC. Mais ce qui est certain, c’est que cette nomination entre dans le cadre d’une « Remontada » tricolore qui a englouti la CMAS.
D’ailleurs, la FFESSM s’en félicite dans un article publié le 12 Mai dans son organe officiel Subaqua.
Un cocorico s’impose car cela faisait plus de 35 ans que la France n’avait pas retrouvée un tel statut électif d’importance à la CMAS.
Source: Article Subaqua

Selon le communiqué de la CMAS publié sur sa page officielle Facebook, AF est chargé de poursuivre le développement de la plongée technique dans le monde entier sous les auspices de CMAS, la promotion de la sécurité, de la qualité et des normes mondiales, ce qui sous-entend pour certains, selon ce communiqué, que la CMAS a cumulé un retard dans le développement de la plongée Tek par rapport aux autres agences, et que les standards actuels ne sont pas à la hauteur en termes de sécurité, qualité et normes.

Une légitimité historique prononcée
Dans une note destinée à toutes les fédérations, du 13/05/2025, donc quelques dizaines d’heures après la prise de responsabilité de son nouveau président, la CMAS-TC, dont on ne connait pas encore les autres membres, adopte un formalisme inhabituel : un entête qui rappelle que la CMAS a été créée à Monaco en 1959 et que son premier président fût Jacques-Yves Cousteau .

Cette mention est renouvelée dans la note, comme si son auteur voulait rappeler à toutes les fédérations une certaine légitimité qui devra être considérée par tout le monde, et qui sera concrétisée tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, à commencer par l’AG qui se tiendra en Avril 2026 à Bordeaux.

D’ailleurs, l’horodatage de la note, mentionne la ville de Montpellier (FR) et non pas Rome ( Siège de la CMAS ) , on pourrait comprendre de ce fait, que le siège de la CMAS-TC pourrait être dorénavant Montpellier !!
Adoption des résultats des travaux d’Alain Foret ?
La dernière édition du livre « Plongée Plaisir » version 4 ( GP et Moniteurs ), paru il y a quelques semaines, contient une revue des derniers travaux de AF sur la désaturation. Des travaux qui ont fait depuis 2 années, un vif débat dans la communauté de la plongée.

Certains résultats de ces travaux ne recoupent pas les standards de la CMAS et de ses recommandations. La CMAS ne s’est pas prononcé officiellement sur ça, et c’est compréhensible, mais, certains membres de l’ancienne CMAS-TC, ont adopté officieusement un certain scepticisme envers les résultats des travaux d’ Alain Foret.
Donc la question qui se pose légitimement, est ce que la nouvelle CMAS-TC va adopter les résultats des travaux de son président ? Est-ce qu’elle va entreprendre une mise à jour de ses standards ? Si c’est le cas, est ce qu’il y aura une mise à jour ou une refonte totale ?
Compétences transversales Vs Microteaching
Alain Foret a toujours préconisé une approche qui consiste à intégrer la logique de formation par les compétences. Cette logique est adoptée dans le cadre d’un enseignement transversal intégré, dans la suite logique des compétences. Les différents concepts de la plongée ne sont pas enseignés pour elles-mêmes mais directement intégrées, en tant que de besoin, dans les cours sur la prévention des risques.
Cette approche est développée dans la série de ses livres « Plongée Plaisir ». Cette série a fait son apparition en 1999 comme étant l’ouvrage de référence de la FFESSM, et affiche « conseillée par la CMAS » depuis une certaine période.
Cependant, et jusqu’à nouvel ordre, l’approche pédagogique de la CMAS est basée sur
« un apprentissage progressif fondé sur le principe de l’acquisition graduelle par la découverte et l’expérience ».
Ça consiste à
« enseigner une compétence ou une théorie en la décomposant en petites séquences (Microteaching) et en enseignant chaque séquence à tour de rôle jusqu’à ce que la compétence ou le sujet soit entièrement aquis. »
Source: manuel instructeur CMAS – Avril 2023
Donc, nous sommes devant deux approches pédagogiques totalement différentes, qui impliquent chacune une réelle compréhension et mise en application pointue de la part des moniteurs.
Y aura-t-il dans les prochains mois, une « injection » de cette approche dans le manuel de formation des instructeurs ? Est-ce qu’il y aura une « refonte » de ce manuel sur la base de cette approche ? Que sera le sort des moniteurs qui ne savent appliquer que « le microteaching » ?
En Tunisie, qu’est ce qui pourrait changer ?
Rappelons qu’un travail titanesque a commencé depuis 2022, sous l’impulsion de la Commission Technique de la FASST, et en étroite collaboration avec l’ancienne CMAS-TC, pour la formation des nouveaux moniteurs et la mise à jour des anciens selon les standards CMAS. De plus, la FASST a entamé un périlleux travail de révision de ses standards selon les normes nationales et celles de la CMAS, des standards tant attendus par la communauté mais qui n’ont pas encore étaient publiés officiellement.
Une matrice d’hypothèses pourrait être dressée selon le degré d’avancement des travaux de la CT – FASST et selon le degré de changement des standards CMAS.
Le meilleur scénario reste que la FASST applique une souveraineté totale sur ses textes en dépit des recommandations et des changements qui pourraient être appliqués sur les standards actuels de la CMAS.
Le pire scénario, c’est que la CMAS-TC fasse une refonte totale de ses standards et oblige d’une manière ou d’une autre les fédérations, dont la FASST, à s’aligner. Ce qui pourrait infliger à la CT fédérale, non seulement à revoir ses standards pour qu’ils soient conformes à ceux de la CMAS, mais aussi, refaire une mise à jour pour les moniteurs fédéraux. Tout ça pourrait certainement engager un énorme coût en termes d’effort, de temps et de moyens.
Entre ces deux cas extrêmes, d’autres hypothèses plus équilibrées restent envisageables, et c’est pour ça qu’une présence tunisienne au sein de la CMAS-TC, qui n’a pas encore était officiellement formée, serait une clé pour engager les négociations nécessaires et pour épargner la CT fédérale d’une position peu confortable.
Mehdi TABBAKH