La polémique déclenchée par Alain Foret concernant les ordinateurs de plongée qui ne prennent pas en considération les plongées successives a suscité un vif débat dans la communauté de la plongée. Cette controverse, présentée lors de plusieurs webconférences , dont la dernière le 05 Décembre 2024 ( près de 400 participants ), repose sur une étude comparative des différents modèles d’ordinateurs et algorithmes de désaturation (disponible ici ).

Méthodologie et résultats de l’étude

Foret a utilisé un protocole consistant à immerger divers ordinateurs dans un caisson, leur faisant subir un profil de plongée identique pour comparer les temps totaux de palier. Le profil qui a particulièrement attiré l’attention comprenait deux plongées successives de 30 minutes à 30 mètres, séparées par un intervalle de surface de 90 minutes.

Les résultats de cette étude ont révélé que les ordinateurs utilisant l’algorithme ZH-L 16C à Gradient Factors (GF) donnaient des durées de palier jusqu’à trois fois plus courtes que ceux utilisant d’autres modèles de désaturation pour la seconde plongée. Cette constatation a soulevé des inquiétudes quant à la sécurité potentielle de ces ordinateurs, notamment pour les plongées successives.

Points de débat et critiques

La présentation de Foret a suscité plusieurs critiques ( Forum Plongeur.com ), principalement axées sur deux aspects :

  • Le choix du réglage des GF : Foret a utilisé un réglage de 90/90 pour les Gradient Factors, affirmant qu’il s’agissait du mode par défaut de la plupart des ordinateurs. Cette affirmation a été contestée, car de nombreux ordinateurs sont livrés avec des réglages plus conservateurs.
  • Le profil de plongée choisi: Certains critiques ont jugé le profil de plongée irréaliste, arguant qu’il nécessiterait trois blocs pour la seconde plongée avec les ordinateurs les plus sécuritaires. Ils ont suggéré que ce choix pourrait exagérer les écarts entre les différents modèles d’ordinateurs.

Réponses des fabricants et analyses supplémentaires

Les fabricants d’ordinateurs « tech » utilisant le ZH-L 16C+GF, comme Shearwater, ont affirmé implémenter fidèlement l’algorithme sans le modifier. Ils laissent au plongeur la responsabilité d’ajuster les réglages en fonction du risque perçu ( voir la réponse ici ).

Des analyses supplémentaires menées par des membres du forum Plongeur.com ( voir ici ) ont montré que, quel que soit le réglage des GF, l’augmentation de la durée de palier à la seconde plongée reste nettement plus faible avec le ZHL-16C+GF qu’avec d’autres algorithmes.

Implications pour la sécurité en plongée

Cette polémique soulève des questions importantes sur la fiabilité et la sécurité des différents algorithmes de décompression utilisés dans les ordinateurs de plongée, en particulier pour les plongées successives. Elle met en lumière la nécessité pour les plongeurs de bien connaître leur équipement et ses limites.

Depuis longtemps, dans ses ouvrages « Plongée Plaisir » , Alain Foret souligne que les ordinateurs de plongée ne sont que des instruments d’aide à la désaturation et ne garantissent pas une sécurité absolue. Il rappelle que 70% à 90% des accidents de désaturation surviennent malgré le respect des consignes des ordinateurs ( source ).

En Novembre 2024, il vient de publier un nouvel article « Ordinateur de plongée et paramètres haldaniens : comment gérer les plongées successives ?  » ( disponible ici ) dans lequel il appui sa thèse que le modèle d’Haldane ne prend pas en considération les successives et qu’il faut mettre en place un dispositif additionnel pour les gérer .

Conclusion et recommandations

La controverse initiée par Foret a le mérite d’avoir stimulé une réflexion approfondie sur les capacités et les limites des ordinateurs de plongée. Elle souligne l’importance pour les plongeurs de :

1. Bien comprendre le fonctionnement de leur ordinateur de plongée.

2. Adapter les réglages en fonction des conditions de plongée et des facteurs de risque personnels.

3. Ne pas se fier aveuglément aux indications de l’ordinateur, mais les considérer comme un outil parmi d’autres pour assurer sa sécurité.

Foret, a présenté une conférence en Algérie en Octobre dernier ( voir ici ), et il n’arrête pas de défendre sa thèse qui trouve un nombre de plus en plus élevé d’adeptes, ce qui a poussé la FFESSM a publié un document, indirectement en rapport ( voir ici ) .

En Tunisie, la décompression en plongée loisir est régie officiellement par le « Modèle » Bühlmann qui est une adaptation du Modèle de Haldane . Le modèle Bühlmann, sur lequel il y a un consensus mondial, est opté par la CMAS, d’où son adoption par la Fédération des Activités Subaquatiques et de Sauvetage de Tunisie ( FASST ) .

En attendant peut-être une réaction à cette polémique de la part de la Commission Technique Nationale, rappelons que la plongée reste une activité qui nécessite une formation adéquate, une bonne compréhension des principes de décompression, et une approche prudente, notamment lors de plongées successives ou dans des conditions particulières.

Mehdi Tabbakh

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